Le siglage ? répéta-t-elle en riant. Mais cette fonction ne sert pas à comprendre les livres. Elle sert à les indexer, c'est tout. Autant jeter un coup d'œil à une recette de cuisine et conclure qu'on a fini de dîner.
Dan Simmons, Olympos, éd. Robert Laffont, Paris, 2006, p. 474.
Dans le monde créé par Dan Simmons dans son dernier roman Olympos, les humains ne savent plus lire. Il reste à leur disposition une fonction intégrée à leur corps par manipulation génétique. Cette fonction appelée le siglage se limite comme l'explique cet extrait à l'indexation de tous les termes d'un ouvrages directement dans le cerveau. Mais, comme il est rappelé ici, une indexation systématique ne permet pas de donner du sens au texte, car il manque les contextes d'énonciation. Les humains ont beau « sigler » les textes, ils ont perdu au fur et à mesure toutes leurs connaissances.
Dans notre société actuelle, il me semble important de garder en tête le fait qu'un mot ne prend tout son sens que dans un contexte particulier (énonciation, grammatical, historique, documentaire...). Avec les moteurs de recherche mais aussi avec les systèmes de text mining et la linguistique de corpus, on a souvent tendance à oublier que la compréhension d'un document ne peut simplement découler d'une analyse quantitative des mots ou d'une simple indexation dans une immense base de données, mais d'une lecture attentive et d'une intégration cognitive, qui, pour certains, est le seul moyen de création de la connaissance.
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