Les petites cases

A- La fondation

Le prieuré de Saint-Leu d’Esserent est fondé en 1081 par le comte Hugues de Dammartin et l’évêque Guy de Beauvais qui confient leur fondation aux moines de Cluny. Comprendre la fondation de ce prieuré passe par une analyse précise du contexte et des raisons qui l’ont motivée. Plus que le simple fait d’assurer le salut, elle prend place dans une stratégie familiale plus complexe où les enjeux religieux et seigneuriaux se rejoignent à chaque instant. C’est pourquoi, après avoir fait le récit de la fondation, il est essentiel de présenter la famille des Dammartin et les acteurs religieux et d’analyser précisément la charte de fondation pour en apprécier l’ensemble des enjeux.

1- Le récit de la fondation

a- La fondation telle qu’elle s’est déroulée

La fondation est connue par l’acte conservé aux Archives départementales de l’Oise, issu du chartrier du prieuré1, et par la confirmation de l’évêque de Beauvais, Guy, reprise par l’historien Louvet dans son ouvrage Histoire et antiquité du diocèse de Beauvais qui date de 1635. Vers 1081, Hugues de Dammartin rend d’abord l’église, l’autel, l’aître et la dîme d’Hescerent à l’évêque de Beauvais, Guy, pour que ce dernier les confie aux moines de Cluny pour en faire un monastère. Il ajoute à cette restitution une donation importante de terres, de revenus et de taxes diverses. Cette fondation est faite en présence de Guy, évêque de Beauvais, Philippe Ier, roi de France, Hugues de Crépy, le frère du roi, Adélaïde de Vermandois, la femme d’Hugues de Crépy, des serviteurs royaux, la famille d’Hugues de Dammartin et des moines clunisiens dont l’abbé de Cluny, Hugues. La présence d’Hugues n’est pas mentionnée dans l’acte de fondation, mais dans un acte narrant un règlement de conflit et rappelant la fondation : « notificamus omnibus quod Hugo, comes de Domno Martino, dedit Cluniacensi Ecclesie in presentia Domni Hugonis abbatis… »2. La présence de ces hommes montre l’importance de cette fondation. La donation du comte est ensuite confirmée par sa femme, Roaide, et ses enfants : Basilie, Adélaïde, Eustachie et Pierre, comme par Philippe Ier, Hugues de Crépy et sa femme, Adélaïde de Vermandois.

b- La légende de fondation

Cette fondation a donné lieu à la constitution d’une légende encore racontée aujourd’hui. Il est difficile d’en connaître les origines. Sa première trace écrite date de 1828, dans lePrécis statistiques du canton de Creil de Graves. Elle est ensuite reprise par Albert Fossard, propriétaire du prieuré à la fin du XIXe siècle dans la première monographie qui lui est consacrée3.

La légende raconte qu’Hugues de Dammartin, malade, promet d’aller en pèlerinage à Jérusalem s’il guérit. Une fois rétabli, il accomplit sa promesse, mais il est pris en otage sur la route. Une petite communauté de moines se trouvant au nord d’Hescerent dans le bois Saint-Michel, paye alors sa rançon. A son retour, pour les remercier, Hugues fonde le prieuré de Saint-Leu et le leur confie.

Cette histoire n’est bien sûr pas confirmée par les sources écrites. L’archéologie a permis de retrouver les traces d’une chapelle et d’occupations humaines dans le bois Saint-Michel, mais les fouilles n’ont pas trouvé de traces datant du XIe siècle4. De plus, la reconstitution de la vie d’Hugues de Dammartin ne laisse pas apparaître un laps de temps nécessaire à un tel voyage.

2- Les acteurs de la fondation

a- Origine de la famille de Dammartin

Il existe une généalogie rimée des Dammartin5 composée au XVe siècle. L’original du manuscrit ayant disparu, il nous est connu par une copie du XVIe siècle conservée à la Bibliothèque nationale de France6. Elle fait remonter l’origine des Dammartin à un comte Assaillant de Dammartin qui vit à l’époque du roi Dagobert :

« Assaillant fuz nommé, de Dampmartin fus comte

Du tems de Dagobert, lequel de moi tinct compte

De l’incarnacion (de Jhesu-crist), six cens quarente six

Portant estat de comte en chère je m’assix

De Dampmartin fuz conte et fuz nommé Guérard »

Les deux personnages Assaillant et Guérard sont aussi les héros d’un roman de chevalerie du XVe siècle : Histoire de Assaillant et Gérard son fils premiers comtes de Dammartin, peu après Dagobert, roi de France, extraite et traduite en latin, des chroniques des rois de Cologne. Ce manuscrit, conservé aussi à la Bibliothèque nationale de France7, reprend les vies des différents comtes de Dammartin et les attribue à ces deux seuls personnages, Assaillant et Guérard. Outre les erreurs chronologiques, Dagobert étant mort en 639, il ne faut pas voir dans cette généalogie et dans ce roman des faits historiques nous permettant de faire remonter les Dammartin au VIIe siècle mais plutôt une tentative de la part des comtes du XVe siècle de fonder une « légende dorée » de leur famille prenant appui sur des ancêtres très éloignés ce qui est un signe de noblesse à cette époque8.

Le premier comte de Dammartin dont nous avons la trace dans la documentation est Manassès de Dammartin en 1025. Selon le comte de Luçay9, il est le fils d’Hilduin Ier, comte de Montdidier et petit-fils de Guillaume de Ponthieu et de Montreuil. Cette origine, reprise par d’autres études, place Manassès dans une des familles les plus importantes du système féodal du nord de la France au XIe siècle. Elle est à la tête d’un patrimoine foncier très important. En plus du comté de Ponthieu et de Montreuil10, s’ajoutent les comtés de Nanteuil en Valois11, de Breteuil-en-Beauvaisis12 et de Clermont-en-Beauvaisis13. Cette famille a donc une assise importante dans le Beauvaisis, qui lui permet de jouer un rôle de premier plan dans les stratégies féodales du nord de l’Ile de France.

Nous disposons de peu d’informations sur Manassès. Il est le premier à apparaître avec le titre de comte de Dammartin qu’il tient peut-être de son mariage avec Constance14. Ce comté15 se trouve à une trentaine de kilomètres au nord-est de Paris et à une vingtaine de kilomètres au sud de Senlis16, sur la route allant de Paris à Soissons, en passant par Crépy-en-Valois17 et Nanteuil-le-Haudouin. Le château, aujourd’hui détruit, était perché en haut d’une colline dominant cette route. Le comté se trouve donc à la frontière du domaine royal des premiers capétiens et dans leur aire d’influence directe. Cette situation stratégique crée des relations particulières entre la famille de Dammartin et le roi de France, qui oscille entre alliance et guerre ouverte pendant le XIe siècle et le début du XIIe siècle.

Frère d’Hilduin II, vicomte de Chartres, Manassès est un proche d’Eudes II, comte de Blois et de Champagne, ennemi des rois de France, Robert II le Pieux et Henri Ier et aussi son vassal au titre des terres possédées dans le Beauvaisis, puisque Eudes II est aussi comte de Beauvais18 et à ce titre seigneur sur le Beauvaisis.

En 1015, Eudes II donne « une portion du comitatus [de Beauvais] perçu sous l’aspect des droits qui s’y rattachent »19 à l’évêque de Beauvais, Robert. Cette donation est confirmé par Robert le Pieux, roi de France en 1015, avant que ses rapports avec Eudes II ne se dégradent complètement. Par cette donation, il ne se retire pas définitivement du comté de Beauvaisis, mais continue à le contrôler par l’intermédiaire de son réseau de vassaux dans la région. Ainsi, Hilduin II et Manassès jouent un rôle important pour lui par l’intermédiaire des différentes terres qu’ils possèdent dans le Beauvaisis : la région du comté de Breteuil pour Hilduin II et la région de Bulles20, au nord de Beauvais, d’Esserent21 et de Mouchy-le-Châtel22 pour Manassès. Ces liens vassaliques entre Eudes II et Manassès sont très importants, car ils conditionnent et expliquent les stratégies de la famille des Dammartin pendant le XIe siècle. La situation géographique du comté de Dammartin fait de Manassès un allié ou un ennemi de poids pour les deux seigneurs du nord de la France les plus importants du XIe siècle : le roi de France et le comte de Champagne.

Le premier document où l’on trouve la trace de Manassès date de 1025. Il est témoin d’un accord passé au nom du comte Eudes II entre Hilduin II et l’évêque de Paris Francon au sujet de l’avouerie de Rozoy-en-Brie23. Par sa présence, Manassès légitime l’action de son frère et se place au côté d’Eudes II. La souscription de Manassès exprime ici les alliances seigneuriales plus que des liens familiaux. En 1028, Manassès souscrit un diplôme du roi Robert le Pieux en faveur de l’abbaye de Coulombs24. Le 4 février 1031, Manassès obtient de ce dernier, la confirmation d’une donation faite par lui à l’abbaye Saint-Père de Chartres en présence de son frère Hilduin et de ses neveux Hilduin et Manassès25. Cette donation s’explique par l’influence que devait posséder cette famille sur la ville de Chartres, Hilduin II en étant vicomte. Il est présent à l’assemblée tenue à Paris au cours de laquelle Foulques, comte d’Anjou reconnaît le roi de France, Henri Ier26. Entre 1034 et 1036, il est à Tours, à la cour d’Eudes II. Au cours de cette période, il est témoin d’une donation à Marmoutier faites par Eudes II27.

Malgré les liens forts entre Manassès et Eudes II, le roi ne se détourne pas de lui. Ainsi, Manassès réclamant Combs-la-Ville28, domaine de son grand oncle Hilduin, au roi Henri Ier, le roi fait droit à cette réclamation pour s’assurer son soutien contre Eudes II29. Pour autant, Manassès reste fidèle à Eudes II, ce qui va causer sa perte. En 1037, le comte Eudes lance une offensive contre le duc de Lorraine qui projette de s’emparer de la couronne impériale. Le 15 novembre, lendemain de la prise de Bar-le-Duc par Eudes II, les deux armées se retrouvent à douze lieux au nord de Bar-le-Duc sur les bords de l’Orne au lieu-dit Honol. Manassès y trouve la mort. La Vita Beati Richardi abbatis S. Vitoni raconte ainsi la mort de Manassès :

« …et isdem venerabilis pater [Richard], dum cum monacho suo Waleranno, cognomento Bonifacio, illo venisset, comitem Manassem de Domno Martino, eodem susum praelio, cum quibusdam aliis isthuc deportari fecit, et honorifice sepelevit. Quod audiens uxor ipsius, variis donis eumdem patrem muneravit, et tapetem magnum huic ecclesiae dedit. »30

Manassès laisse trois enfants : Eudes, Hugues et Eustachie. L’aîné, Eudes devient alors comte de Dammartin. Ce dernier n’a pas laissé la même trace que son père et que son frère, Hugues. Il meurt assez rapidement, laissant le comté à son frère. Il apparaît à trois reprises dans les actes royaux, deux sous Henri Ier et un sous Philippe Ier. Le roi absorbe une partie des réseaux de fidèles d’Eudes II. Il n’est donc pas étonnant de retrouver Eudes du côté du roi. En effet, Manassès vaincu, le roi peut confisquer des terres et prendre des sanctions à l’encontre des Dammartin. Sans appui du côté des comtes de Champagne, Eudes préfère rester du côté du roi et ainsi protéger sa famille. En 1061, il est mentionné dans la donation de la villa de Combs, en Brie, par Philippe Ier à l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés31. Les deux autres mentions sont des donations faites pour le salut de son père : en 1060, à la basilique Saint-Andrieu de Béthisy32 et à l’église de Saint-Père-des-Chartres accompagné par son frère Hugues et sa sœur Eustachie33. A sa mort, Eudes laisse le comté de Dammartin à son frère Hugues, fondateur du prieuré de Saint Leu d’Esserent.

b- Hugues de Dammartin : un aristocrate du XIe siècle.

Ce personnage est un exemple de l’aristocrate de la fin du XIe siècle chez qui les sentiments religieux se heurtent aux impératifs du système féodal. Grâce à une documentation plus importante que pour le reste de la famille, nous pouvons reconstituer précisément le parcours d’Hugues de Dammartin et, ainsi, comprendre ses motivations pour fonder le prieuré de Saint-Leu.

Hugues est né avant 1037, date de la mort de son père Manassès. Il passe les premières années de sa vie dans l’ombre de son frère Eudes. Cadet de la famille, il n’a pas de titre. Ainsi, il est présent au côté de son frère dans les actes destinés à assurer le salut de son père. Il prend le titre de comte de Dammartin entre 1060 et 1065. La documentation nous permet de retracer son parcours dès ce moment.

Entre 1067 et 1072, nous le trouvons à quatre reprises dans des actes de Philippe Ier. Il continue alors la politique de son frère à l’égard du roi de France, préférant s’assurer son soutien. Ainsi, pendant cette période, il est à quatre reprises témoin de chartes de Philippe Ier :

  • En 1067, confirmation par Philippe Ier d’une renonciation de Gui sur certaines coutumes qu’il exigeait dans la terre de Saint Benoît sur Loire34.

  • En 1070, confirmation par Philippe Ier à la prière de l’abbé Gerbert, de l’immunité accordée par les rois à ses prédécesseurs au monastère de Saint-Pierre-le-Vif, de Sens35.

  • En 1071, confirmation par Philippe Ier de la charte par laquelle Bouchard comte de Corbeil, accorde aux chanoines de Saint-Spire de Corbeil la liberté de leur cloître et la justice dans le cloître et sur leurs confrères, à la réserve des causes criminelles dont connaîtra l’évêque seul ou l’archidiacre36.

  • En 1072, confirmation par Philippe Ier de la donation des églises Saint-Pierre et Saint-Laurent, de Montfort, faite par Simon de Montfort à l’église Saint-Magloire de Paris37.

Dans ces chartes, Hugues est cité à deux reprises sous le nom de « Hugo de Domnomartino » et à deux reprises « comes de Domno Martino ». Hugues n’est pas le premier Dammartin à porter le titre de comte, puisque Manassès est déjà présenté ainsi dans les sources. Le cognomen « de Domnomartino » est un exemple de sa fixation dans le monde aristocratique dès la fin du XIe siècle.

A travers ces chartes apparaît un réseau d’aristocrates dont fait partie Hugues. L’appartenance d’Hugues à ce réseau montre son importance et le rôle qu’il joue dans les enjeux seigneuriaux en Ile-de-France. En utilisant le nom des témoins, nous pouvons le reconstituer ou du moins en donner les contours. Outre Hugues, nous retrouvons Yves, comte de Beaumont38, Hugues de Clermont, Guy de Montlhéry39, Thibault de Montmorency40, Simon de Montfort41, Bouchard, comte de Corbeil42, Guy de Ponthieu, Herbert de Vermandois, Guillaume de Soissons43. Tous ces hommes possèdent des terres en Ile-de-France et sont des fidèles du roi de France dont certains sont présents dans les chartes de Saint Leu d’Esserent. Ces familles s’allient par des mariages. La fille d’Hilduin II, Marguerite est marié avec Hugues, comte de Clermont.

Entre 1075 et 1081, la vie d’Hugues est jalonnée de donations pieuses et d’affrontements avec le roi. Il semble qu’Hugues détienne des possessions à Bulles par son mariage avec Roaide, sur laquelle nous ne disposons d’aucune information. Une charte datant de 1075 narre la rencontre décisive entre Hugues de Dammartin et l’évêque de Beauvais, Guy. Ce dernier, dont nous reparlerons pour la fondation est un ardent défenseur de la Réforme grégorienne et en amorce la mise en place dans le diocèse de Beauvais. Cette rencontre marque un tournant pour Hugues qui devient un de ses proches. Elle se fait au cours d’une restitution qui nous est connue par une charte reprise par Mabillon44. En 1075, Guy, évêque de Beauvais visite Goscelin dit l’enfant, malade. Ce dernier lui donne la moitié du fief d’Harcourt pour l’abbaye de Saint-Lucien. Pour cela, Goscelin demande le consentement à ses oncles, Hugues de Dammartin et Mathieu dit Payen. A la mort de Goscelin, les deux oncles posent le testament sur l’autel. Après cet évènement, Hugues commence à faire des donations pieuses. Nous pouvons aisément imaginer un Guy de Beauvais, prosélyte de la Réforme grégorienne poussant Hugues à rendre des églises qu’il possédait indûment. Ainsi, en 1075, il restitue les églises de Bulles à l’évêque de Beauvais45. Toujours en 1075, il fait une première donation à Cluny : la moitié de la ville de Brandalt Vileir46. Cette série de donations pieuses atteint son apogée par la restitution de l’église d’Hescerent47 et la donation qui l’accompagne en 1081, toujours sous l’impulsion de Guy, évêque de Beauvais.

Hugues reste un seigneur féodal qui commence à être gênant pour le roi de France. Hugues essaye de prendre place sur les terres du seigneur adverse, en l’occurrence le roi de France. La grande Chronique de Saint Denis nous apprend que le roi Philippe Ier fit construire, vers 1071, le château de Montmeliant48, en face de Dammartin, pour résister à ses incursions49. Malgré ces tensions, Philippe Ier souscrit à la donation d’Hugues pour Hescerent50. Est-ce un signe d’apaisement dans leurs querelles ou la présence royale est-elle simplement obligatoire en tant que seigneur de l’Ile-de-France ? Philippe Ier confirme aussi les donations faites par Hugues en 1082 à l’abbaye de Marmoutier51.

Hugues connaît aussi des problèmes avec les chanoines de Notre Dame de Paris, dont les terres sont limitrophes au nord de l’Ile-de-France. Une lettre adressée par les chanoines de Paris au pape Pascal II en 1104 nous apprend que, au temps d’Urbain II (1088-1099)52, les exactions commises avaient entraîné l’excommunication d’Hugues. Cette affaire n’est réglée définitivement qu’en 1093. Hugues passe alors une convention avec les chanoines de Notre Dame de Paris, promettant d’arrêter les exactions qu’il commettait à leur encontre sur les terres de Mitry et Mory53. Il se fait moine à Saint Leu à la fin de sa vie54 et meurt aux alentours de 1100.

Proche du roi, Hugues fait partie du jeu féodal du nord de l’Ile de France. Intégré à un réseau d’aristocrates, il affronte le roi et les puissances religieuses. Sa vie est celle d’un seigneur du XIe siècle avec ses affrontements, ses donations pieuses, ses alliances. La fin de sa vie, en tant que moine du monastère qu’il a fondé, en est d’ailleurs tout à fait symbolique.

3- Les acteurs religieux

Outre Hugues de Dammartin dont nous venons de retracer le parcours, la fondation de Saint-Leu fait intervenir des acteurs du monde religieux qu’il est important de resituer rapidement : Guy, évêque de Beauvais et Cluny.

Dans son livre Episcopus et Comes, Olivier Guyotjeannin55 se pose la question de savoir si Guy est un évêque pré-grégorien. Cette question est évidemment difficile à résoudre vu le parcours de cet homme. En revanche, de la même façon qu’Hugues est un aristocrate caractéristique du XIe siècle, Guy est un évêque caractéristique de cette époque. Il est tourmenté par deux aspects essentiels de cette période : la Réforme grégorienne qu’il commence à introduire en Beauvaisis et le jeu féodal, qu’il assimile parfaitement en tant que seigneur sur le Beauvaisis. Il n’est donc pas étonnant de voir Hugues et Guy proches et agissant ensemble pour la fondation de Saint-Leu. Guy, issu d’un lignage important, a été doyen et coûtre de la collégiale de Saint-Quentin56 puis archidiacre de Laon. Il est élu évêque de Beauvais en 1063-1064, certainement grâce à l’appui du comte de Flandre Baudouin. Son épiscopat est mouvementé. En butte à l’hostilité d’une partie du chapitre, il doit fuir pendant un temps Beauvais, avant d’y revenir grâce à l’appui du pape Grégoire VII en 1074. Toute sa vie, Guy affronte le dilemme entre réforme et pouvoir seigneurial et il n’est pas absurde de voir dans ses actions religieuses et ses fondations un moyen pour le comte de Beauvais, qu’il est , d’affirmer son pouvoir sur ses possessions. Ainsi, il fonde une collégiale dédiée à Saint-Quentin à proximité de Beauvais où il place Yves de Chartres en tant que praefectus. Il suscite et approuve de nombreuses donations et fondations, comme nous l’avons vu avec l’exemple d’Hugues à Bulles. Il commence à mettre en place la réforme grégorienne en récupérant les églises qui sont au mains des aristocrates laïcs et les exemples de la restitution de l’église de Bulles puis d’Hescerent montre comment Guy utilise à la fois son statut d’évêques et de comtes pour chercher à s’affirmer comme intermédiaire obligé de ces restitutions. Proche de la noblesse régionale, comme le laisse entendre Guibert de Nogent57 dans sa De vita sua, il se retrouve rapidement en rivalité avec « l’aile dure des milieux réformateurs »58. Accusé de simonie en 1078 par Hugues de Die, il fuit son siège épiscopal, se réfugie à Cluny en 1085 où il devient moine, une fois déposé, sans même s’être défendu.

Fondé en 909 par Guillaume, duc d’Aquitaine, Cluny a été le fer de lance du monachisme réformateur. Le monachisme clunisien mit plus de temps à s’implanter dans le nord de la France, malgré l’existence de monastères réformés par des clunisiens comme Saint-Denis ou Saint-Maur-des-Fossés. Il faut attendre l’abbatiat d’Hugues (1049-1109) pour que Cluny s’implante définitivement dans le nord du royaume. Entre 1029 et 1150, douze prieurés sont donnés ou agrégés à Cluny dans les diocèses de Senlis et de Beauvais. L’implantation clunisienne au nord de l’Ile-de-France, c’est à dire dans les diocèses de Senlis, Beauvais, Soissons et Amiens, représente une extension de la forte présence clunisienne dans le sud et sud-est du bassin parisien et sa limite septentrionale. Les diocèses de Laon, Noyon et Reims ne comptent qu’un prieuré chacun59. Ces installations s’expliquent par les excellentes relations entre Hugues et la monarchie capétienne et par la pénétration des thèmes réformateurs et grégoriens dans la société laïque. Selon Philippe Racinet60, « en acceptant d’implanter des maisons dans le domaine capétien ou aux alentours, et par là, de se rapprocher du roi de France [Hugues, abbé de Cluny] menait une politique qui visait à tempérer les réactions du pape » à l’égard du roi de France en lutte avec lui. Même si cela constitue peut-être une des raisons de la volonté de Cluny de s’implanter dans le nord de la France, il faut limiter la portée de l’action d’Hugues. La plupart des fondations ou des donations à Cluny entre 1050 et 1130 est le fait d’aristocrates laïques qui n’avaient pas de rapport avec Cluny, à l’image d’Hugues de Dammartin pour Saint-Leu ou de Simon de Crépy pour Saint-Arnoul de Crépy en Valois en 1076. Cluny s’est donc appuyé sur les structures de pouvoir existantes pour s’implanter dans le nord de l’Ile-de-France.

Avant la fondation de Saint-Leu, l’implantation clunisienne au nord de l’Ile-de-France n’est pas très importante. Crépy-en-Valois61 joue le rôle de précurseur. Saint-Arnoul est fondé en 1006 par le comte d’Amiens et du Valois, Gautier II. En 1076 ou 1077, le comte de Crépy, Simon donne son abbaye à Cluny62. Avant Crépy-en-Valois, nous pouvons signaler la fondation de Longpont63 en 1061 et de Coincy64 en 1072. En revanche, la fondation de Saint-Leu se place dans une période d’importantes fondations qui sont rattachées au prieuré de Saint-Martin-des-Champs ou directement à Cluny : Saint-Christophe-en-Hallate en 1089, Elincourt65 en 1089, Saint-Nicolas d’Acy66 en 1098, Nanteuil-le-Haudouin en 1090, Moussy-le-neuf67 en 1090. La fondation de Saint-Leu se place dans un contexte d’implantation clunisienne importante dans la région et joue, certainement, un rôle précurseur avec Saint-Arnoul de Crépy-en-Valois, les aristocrates du nord de l’Ile de France formant un réseau dont le roi capétien est la tête de pont.

3- Analyse de la charte de fondation

a- Analyse codicologique, paléographique et diplomatique

Le texte de la charte de fondation est connu par différents biais : le premier est une charte conservée aux Archives départementales de l’Oise68, à première vue, la charte de fondation ; le deuxième est la charte de confirmation par l’évêque Guy de Beauvais qui reprend le texte de la charte précédente, connue de l’historien du Beauvaisis Louvet69, dans son ouvrage Histoire et antiquité du diocèse de Beauvais qui date de 1635. Cette charte était conservée à Cluny, puisqu’elle est éditée dans le recueil des chartes de l’abbaye de Cluny70, de Bernard et Bruel, la première n’étant pas présente dans cet ouvrage.

La charte conservée aux Archives départementales de l’Oise pose des problèmes diplomatiques. Une analyse des caractères externes fait douter de la véracité de cette charte ou du moins amène à se demander s’il s’agit de l’original. Ainsi, parmi les actes de Saint-Leu qui nous sont parvenus, il est le seul à se présenter sous la forme d’une charte, tous les autres documents de la fin du XIe et du début du XIIe étant des chartes-notices ou des notices de cartulaire rédigées par les moines. A la deuxième ligne, il est écrit : « ego comes Hugo de Domnomartino ». A cet égard, cette charte est donc une exception parmi le fonds du prieuré. De plus, il n’apparaît aucun signum ou signe de souscription. Or, le roi annonce sa souscription : « Philippus rex laudavit et confirmando subscripsit ». Il est étonnant de ne pas avoir un signe montrant l’approbation du roi. Nous remarquons aussi l’absence de mention de la date dans cette charte, alors qu’elle est présente dans la confirmation de l’évêque de Beauvais Guy. Un trou à l’extrémité inférieure et un repli à côté peuvent faire penser à la présence d’un scellement, mais celui-ci a disparu, s’il a existé un jour, il faut ajouter que, vu la date, on attendrait plutôt un sceau plaqué. Enfin, les mentions au dos de la charte ont été portées bien plus tard, à l’époque moderne pour les plus anciennes ou par des archivistes contemporains qui signalent le contenu de la charte. Ces mentions ne sont donc d’aucune utilité pour savoir s’il s’agit ou non de l’original. En conclusion, sans avoir analysé le texte, nous pouvons penser que la charte conservée aux archives départementales n’est pas l’original de la charte de fondation, mais, une copie, peut-être contemporaine, l’écriture pouvant être de la fin du XIe siècle. L’original était certainement conservée à l’abbaye-mère de Cluny, les moines possédaient simplement une copie pour la mémoire et le souvenir de la fondation, charte qui nous est parvenue avec le reste du fonds de Sain-Leu.

En revanche, du point de vue des parties du discours diplomatique, cet acte ne présente aucune particularité majeure :

  • l. 1 à 271 : Préambule : l’auteur rappelle le labeur de la vie terrestre, et pense à la vie future pour vivre comme le christ « sine penuria et egestate ».

  • l. 3 : Suscription de l’auteur de l’acte : « ego, comes Hugo de Domnomartino ».

  • l. 3 à 6 : Exposé : Hugues rappelle ses nombreux péchés qui l’ont poussé à faire cette donation pour obtenir le pardon du seigneur.

  • l. 7 à 17 : Dispositif avec notification : Hugues décrit précisément la donation qu’il fait en deux parties : d’abord, la restitution de l’église à Guy puis les donations pour fonder le prieuré.

  • L. 18 à 21 : Clause de renonciation : Il renonce aux taxes qu’il perçoit sur les donations de ses vassaux.

  • L. 22 à 26 : Clause de consentement : Annonce des consentements de la famille d’Hugues, de Philippe Ier et de son frère Hugues de Crépy.

  • L. 27 à 33 : Liste des témoins : annonce des témoins pour Hugues de Dammartin, Philippe et Hugues de Crépy.

b- Analyse historique

La fondation se passe donc en deux volets. Hugues rend tout d’abord l’église, l’autel, l’aître et la dîme à l’évêque Guy de Beauvais. Hugues tient l’église d’Hescerent de Guy, comme cela est rappelé l.9 « de quo hęc omnia », à deux titres. D’un point de vue religieux, Guy, en tant qu’évêque de Beauvais, doit avoir la tutelle sur les églises de son diocèse. En réalité, il n’en contrôle pas la totalité et Guy, en tant qu’évêque pré-grégorien, est le premier évêque de Beauvais à vouloir les récupérer. D’un point de vue féodal, Guy est comte de Beauvais et possède des droits sur les terres de son comté. Il semble que cette raison est la plus pertinente pour expliquer cette phrase. Ainsi, il restitue autant l’église aux puissances religieuses qu’à la puissance temporelle qui en dispose de manière souveraine. Cette impression est renforcée par le fait qu’Hugues rend l’église « in manu Vuidonis, belvacensis episcopi ». Il faut voir dans ce geste la symbolique de l’investiture. Du point de vue religieux, la restitution en mains de l’église, symbole des restituions grégoriennes. Du point de vue seigneurial, ce geste rappelle l’investiture du fief.

Il est très intéressant de remarquer la restitution que fait Hugues, l. 8 : « ecclesiam de Hescerent, et altare, et atrium et decimam ». Les hommes du XIIe siècle font des séparations précises entre le bâtiment en lui-même, l’ecclesia, les revenus attachés à l’église différents de la dîme, l’altare, l’espace autour de l’église qui est protégé par des règles précises, l’atrium et la dîme, decimam. Il ne s’agit pas d’un ensemble homogène, mais de plusieurs parties qui ont leur existence et leur utilité propre et qui forment un tout. En donnant ces quatre éléments, Hugues abandonne tous ses droits sur l’église d’Hescerent. La première partie de la donation ne s’arrête pas là. Hugues pose des conditions précises. Il exige, de la part de Guy, que cette église soit donnée à l’ecclesia cluniacensis. Ce choix n’est pas surprenant de la part d’Hugues et Guy. Nous l’avons vu, ils sont tous les deux proches de Cluny. Hugues a fait une donation à Cluny en 1075 et a été plusieurs fois témoin aux côtés du roi pour une confirmation de donation à Cluny. Quant à Guy, il finit sa vie à l’abbaye de Cluny, avant même d’être destitué. Enfin, la donation de Simon de Crépy en 1077 à l’abbaye de Cluny a dû marquer les esprits des aristocrates de cette région. La présence d’Hugues de Crépy, frère du roi, confirme cette impression. Le déroulement de cette donation impose donc de donner deux fondateurs au prieuré de Saint-Leu : Hugues de Dammartin qui est resté le seul donateur aux yeux de l’histoire et Guy, évêque de Beauvais dont l’influence sur Hugues est difficile à connaître mais qui doit être essentielle dans cette donation, comme elle l’avait été pour la restitution des églises de Bulles.

La deuxième partie concerne les aspects matériels de la fondation. Hugues ajoute à la restitution de l’église un ensemble de donations pour permettre l’existence de la communauté monastique et sa pérennité (l. 14 à 17) :

« donavi ecclesie Cluniacensi et eis quicquid habebam in villa de Hescerent, terras scilicet arabiles et silvas, prata et vineas, servos et ancillas, hospites et justiciam, et omnes consuetudines, amnem quoque subtercurrentem cum transitu, feodum quoque Vuidonis de Rupe, et feodum Rogerii de Nantolio »

Hugues annonce les différentes donations dans un ordre bien précis : les terres, les hommes, les droits et les taxes, les coutumes et enfin les fiefs qui lui appartiennent en tant que seigneur. Par cette donation, Hugues fait des moines du prieuré des seigneurs d’Hescerent qui en possèdent tous les attributs : les terres, les serfs et la justice. Le prieuré de Saint-Leu devient une seigneurie ecclésiastique. Les moines doivent assurer leur mission spirituelle et, en même temps, ils sont les gestionnaires d’une seigneurie. En outre, la circulation sur l’Oise est une source de revenus non négligeables, car cette rivière est un axe stratégique pour aller des Flandres à Paris, et, donc très fréquentée. Par ses donations, Hugues assure au prieuré une assise économique et sociale qui lui permet de tenir un rôle essentiel dans le terroir d’Hescerent.

Enfin, Hugues prend une dernière disposition, l. 18 à 21 :

« Concessi etiam ut, si aliquis de hominibus vel militibus meis vellet aliquando de feodo suo Ecclesie beati Lupi aliquid donare vel vendere, omnino id sibi liceret facere absque ulla requisitione alterius concessionis, vel dono pecunie, quam ego vel aliquis successorum meorum exigeret »

Nous reviendrons plus loin sur les raisons et les conséquences de cette clause de renonciation pour la famille de Dammartin et pour le prieuré de Saint-Leu. Cette charte est confirmée par la famille d’Hugues : sa femme et ses enfants, Pierre, Basilie, Adélaïde et Eustachie, par le roi de France Philippe Ier, son frère Hugues de Crépy et sa femme Adèle de Vermandois, personnage très important dans le diocèse de Senlis et de Beauvais. La confirmation royale peut paraître superflue. Hescerent ne fait pas partie du domaine royal et Guy est seigneur du Beauvaisis. Cependant la présence du roi apporte une légitimité supplémentaire à la donation d’Hugues et, de plus, il ne faut pas oublier les conflits qui ont eu lieu entre Philippe et Hugues. A travers cette présence, nous pouvons voir une réconciliation temporaire entre le roi de France et la famille des Dammartin. Enfin, les témoins sont assez traditionnels, les officiers royaux du roi du côté de Philippe Ier : le sénéchal, l’échanson et le connétable, des proches de Hugues de Crépy de son côté ainsi que du côté d’Hugues. Nous pouvons relever deux noms qui reviendront ensuite dans la documentation : Igier, certainement de Bulles, déjà présent à la restitution des églises de Bulles et dont le fils fera des donations à Saint-Leu et Dreux, l’échanson des Dammartin que nous retrouvons souvent dans des actes impliquant la famille de Dammartin.

L’acte de confirmation de Guy72 reprend le texte de cette charte. Il est à noter quelques différences. Tout d’abord, il n’est pas fait mention de la donation des fiefs de Guy de la Roche et de Roger de Nanteuil. De plus, il manque la liste des témoins présents dans la charte conservée au prieuré. Par conséquent, nous pouvons penser que les moines ont fait cette charte quelques années après la donation, peut-être au moment du conflit avec Guy de la Roche73. Ils reprennent le texte de la charte initiale qu’ils interpolent pour pouvoir légitimer la possession de ces fiefs. Cette interprétation expliquerait la présence du trou à l’extrémité inférieure et du repli. Les moines essayent maladroitement de faire croire à la présence d’un sceau pendant des Dammartin ce qui est anachronique. La détention d’un sceau par cette famille est beaucoup plus tardive. Cette charte est donc une copie exécutée au prieuré quelques années après la fondation pour avoir une trace de cette fondation et des donations qui lui sont associés ou qui sont censés lui être associés.

Notes de bas de page

1 Arch. dpt de l’Oise, H2431 ; Müller, n°1.

2 Eugène Müller, Le prieuré de Saint Leu d'Esserent: cartulaire (1081-1538), n°3.

3 Albert Fossard, Le prieuré de Saint Leu d'Esserent (abbaye bénédictine de Cluny).

4 « Fouilles sur le site de la chapelle médiévale de Saint Michel », dans Bulletin de la société archéologique, historique et géographique de Creil, n° 109, 1980, p 5-24.

5 Dammartin-en-Goële, Seine-et-Marne, ch.-l. cant.

6 BNF : Ms. n° 10142 du fonds français

7 BNF : Ms. n° 15096 du fonds français

8 Les sources littéraires ne peuvent nous aider à retrouver les origines des Dammartin. Il faut s’appuyer sur les sources diplomatiques et les grandes études comme L’art de vérifier les dates, le père Anselme ou les travaux d’érudits tels que Joseph Depoin, Victor Leblond, Julien Delaitte ou plus récemment Jean-Noël Matthieu.

9 Comte de Luçay, Le comté de Clermont en Beauvaisis, étude pour servir à son histoire.

10 Montreuil, Pas-de-Calais, ch.-l. cant.

11 Aujourd’hui Nanteuil-le-Haudouin, Oise, cant. Crépy en Valois.

12 Breteuil-en-Beauvaisis, Oise, ch.-l. cant.

13 Nous parlerons, à présent, de Clermont pour désigner Clermont-en-Beauvaisis, Oise, ch.-l. cant.

14 nous ne savons rien de plus sur cette Constance ; .Julien Delaitte, Les comtes de Dammartin-en-Goëlle et leurs ancêtres du VIIIe au XIIIe .

15 Nous n’avons pu identifier quand les sources parlent pour la première fois de comté de Dammartin. Il semblerait qu’il fasse partie des nouveaux comtés nés au XIe siècle, Dammartin n’étant pas un pagus.

16 Senlis, Oise, ch.-l. cant.

17 Crépy-en-Valois, Oise, ch.-l. cant.

18 Olivier Guyotjeannin, Episcopus et Comes, p.19

19 Episcopus et Comes, loc. cit., la liste des biens et droits donnés suit cette phrase.

20 Bulles, Oise, cant. Clermont.

21 Cf note infra ; aujourd’hui Saint-Leu-d’Esserent, Oise, cant. Montataire.

22 Mouchy-le-Châtel, Oise, cant. Noailles.

23 Benjamin Guéard, Cartulaire de Notre-Dame-de-Paris, t. I, p. 325

24 Bouquet, tome X, 617 B ; William newman, Catalogue des actes de Robert II roi de France, n°72

25 Bouquet, tome X, 625 D ; Newman, n°88, ce dernier cite cette charte mais identifie Manassès au comte de Dreux et non au comte de Dammartin comme nous le pensons.

26 d’Arbois de Jubainville, Histoire des comtes et duc de Champagne, tome I, p. 291.

27 D’Arbois de Jubainville, loc. cit., t. I, p. 324.

28 Combs-la-ville, Seine-et-Marne, ch.-l. cant.

29 moranvillé, H., « Origine de la maison de Ramerupt-Roucy », dans Bibliothèque de l’Ecole des chartes.

30 Ex vita Beati Richardi abbatis Sancti Vitoni Virdunensis, dans Bouquet, t. XI, 459 A

31 Maurice Prou. Recueil des actes de Philippe Ier, roi de France (1059-1108), n°13.

32 Prou, n°11.

33 Frédéric Soehnée, Catalogue des actes d’Henri Ier (roi de France 1031-1060), n°55.

34 Prou, n°32

35 Prou, n°52

36 Prou, n°60

37 Prou, n°62

38 Beaumont-sur-Oise, Val-d’Oise, ch.-l. cant.

39 Montlhéry, Essonne, ch.-l. cant.

40 Montmorency, Val-d’Oise, ch.-l. cant.

41 Montfort-l’Amaury, Yvelines, ch.-l. cant.

42 Corbeil-Essonnes, Essonne, ch.-l. cant.

43 Soissons, Aisne, ch.-l. cant.

44 Mabillon dom, De re diplomatica libri VI, p. 586 D

45 Pierre Louvet, Histoire et antiquitez du pais de Beauvaisis, i 632

46 Bernard A., Bruel A., Recueil des chartes de l’abbaye de Cluny, n°3487. Brandalt Vileir semble être Brandonvillers, Marne, cant. Saint-Rémy-en-Bouzemont-Saint-Genest.

47 Nous parlerons d’Hescerent pour désigner le village antérieur à la fondation, de Saint Leu pour désigner le prieuré, et de Saint Leu d’Esserent pour désigner la ville à partir de la deuxième moitié du XIIe siècle et l’association entre le village et le prieuré.

48 Montmeliant, Val-d’Oise, cant. Luzarches, comm. Saint-Witz.

49 Bouquet, t. XI, pp. 158, 410 et t.XII, p. 135.

50 Prou, n°103 ; Müller,n° 1

51 Prou, n°107.

52 Bouquet, t. XV, p. 30

53 Benjamin Guérard, Cartulaire de l’église de Notre-Dame de Paris, tome I, p. 288 ; Mitry-Mory, Seine-et-Marne, ch.-l. cant.

54 Müller, n° 11.

55 Episcopus et Comes, pp. 70-73.

56 Saint-Quentin, Aisne, ch.-l. cant.

57 Guibert de Nogent, Autobiographie, éd. et trad. E.-R. Labande, Paris, 1981 (Classiques de l’histoire de France au Moyen-Âge, 34)

58 Episcopus et Comes, p. 72

59 Racinet Philippe, « Les prieurés clunisiens de Picardie au moyen âge et au XVIe siècle. Étude archéologique », dans Revue archéologique de Picardie, p. 199.

60 Racinet, Philippe, « Le prieuré clunisien de Saint-Arnoul de Crépy (Oise) : Histoire et archéologie », dans Revue archéologique de Picardie, p. 121.

61 Crépy-en-Valois, dpt Oise, diocèse de Senlis

62 Bernard A., Bruel A., op.cit., n°3493.

63 Longpont, Aisne, cant. Villers-Cotterêts

64 Coincy, Aisne, cant. Fère-en-Tardenois

65 Elincourt-Sainte-Marguerite, Oise, cant. Lassigny

66 Acy-en-Multien, Oise, cant. Betz

67 Moussy-le-neuf, Seine-et-Marne, cant. Dammartin-en-Goële

68 Arch. dpt. de l’Oise, H2431 ; Müller, n°1.

69 Pierre Louvet, Histoire et antiquité du diocèse de Beauvais, t. I, p. 645.

70 Bernard A. et Bruel A., op. cit., n°3586 ; Müller, n°2.

71 Malgré quelques erreurs de transcription (cf. les pièces justificatives), nous donnons les numéros de ligne par rapport à l’édition du chanoine Müller, charte n°1.

72 Müller, n°2.

73 Cf la partie consacrée aux difficultés de la mise en place.

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