Les petites cases

Système d'information

De quoi le Big Data est-il le nom ?

Comme l'a justement rappelé Manue sur le Figoblog, alors qu'il a atteint le ravin de la désillusion, le Big Data a désormais dépassé le stade du "buzzword". On peut aujourd'hui en voir les applications concrètes même si celles-ci restent souvent limitées, comme l'explique cette étude de Cap Gemini décryptée par ZDnet qui rappelle que seuls 13% des projets dits de Big Data sont entrés en production ou cet article très complet, "Le Big Data : un enjeu pour les industries créatives", paru sur le site INA Global qui, au-delà des exemples de réalisations, démontre les problèmes nombreux qu'ils restent à résoudre. Les espérances qui ont été placées dans cette évolution technologique doivent-elles être revues à la baisse ? Ou au contraire, est-ce le bon moment pour approfondir et développer les cas d'usage qui ont commencé à émerger ?

De fait, ces premières applications sont aujourd'hui suffisamment intéressantes pour justifier qu'on s'y intéresse de près et qu'on étudie les causes des échecs. Or, il apparaît qu'un des facteurs récurrents d'échec est la donnée elle-même (données de qualité insuffisante, mal agrégées...). Aurait-on oublié de s'intéresser à la donnée elle-même dans le Big Data ? Sans aller jusque là, il semble bien que la donnée, l'attention (pour ne pas dire curation...) qu'on y prête, sa compréhension n'aient pas totalement été au centre des préoccupations jusqu'à maintenant. Or, c'est précisément le rôle du professionnel de l'information. Mobilisant leurs compétences sur les données, ils doivent s'emparer du sujet pour faciliter son appréhension par les "directions métiers". Cela passe par une appropriation de la technologie : les professionnels de l'information ont aujourd'hui besoin de savoir ce qui se cache concrètement derrière ce terme de "Big Data". C'est que je me propose d'initier à travers ce billet.

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La donnée en elle-même n'a plus de valeur marchande et alors ?

Au cours des quatre années que j'ai passées chez Antidot (2010-2014), j'ai assisté à des changements profonds dans la manière de penser la monétisation des données. Un constat s'est peu à peu imposé : la donnée elle-même perd de sa valeur marchande et toutes les organisations dont le modèle économique repose peu ou prou sur la vente de données prennent peu à peu conscience de l'obligation d'inventer de nouveaux modes de rémunération. C'est un changement long et complexe auquel les producteurs de contenus dans leur ensemble doivent faire face et il suffit pour s'en convaincre de voir les déboires que vit la presse. Chacun est à la recherche du ou des services, la seule source actuelle de monétisation acceptée par le consommateur, qui lui permettront de survivre à ces bouleversements, mais, dans la plupart des cas, force est de constater que le chiffre d'affaires qu'ils génèrent ne compense pas la baisse des revenus constatée par ailleurs.

Attention, loin de moi l'idée de me plaindre et de regretter le temps passé, d'autant qu'il faut bien le dire : certains producteurs de contenus s'étaient constitué de véritables rentes qu'ils exploitaient pour un service limité et évoluant peu voire pas. Après tout, cela donne l'occasion de redistribuer les cartes. Pourtant, il existe un point crucial qu'il ne faut pas mettre de côté : même si la donnée n'a plus de valeur marchande en soi, sa création représente toujours un coût. Or, la tentation est grande à l'heure des économies pour un manager dont les yeux seraient uniquement rivés sur le chiffre d'effectuer une coupe drastique dans cette activité si consommatrice de ressources.

Cette décision aurait des conséquences terribles. Au niveau de l'organisation elle-même, elle marque le début de sa lente descente aux enfers, car elle constitue une rupture dans la vocation même de l'organisation. Et de manière plus générale, cela déstabilise l'ensemble de l'écosystème de services qui s'est construit autour des données produites par cette organisation. Et c'est finalement là que réside le paradoxe : alors que nous sommes dans une situation où nous avons de plus en plus besoin de données de qualité pour construire de nouveaux services, nous allons faire face à une pénurie car nous n'aurons plus les moyens de les produire.

Puisque la donnée est la richesse de l'organisation, la base sur laquelle de futurs services peuvent être construits, c'est elle qui doit faire l'objet de toutes les attentions. Ainsi, plutôt que de réduire l'activité de production elle-même, il est nécessaire d'investir pour revoir les processus de production et d'exploitation.

Comment alors réduire les coûts pour s'assurer d'une donnée de qualité et créer de nouveaux usages ?

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Petite Poucette au secours de l'Open Data

Dans mon précédent billet, j'avais qualifié l'Open Data « d'échec total » sans beaucoup plus d'explications. Il me semble important de justifier ce propos et de le dépasser, d'autant que cela a pu blesser certaines personnes qui se battent au quotidien pour mettre à disposition ces données ce qui n'était pas mon objectif. Il m'a fallu un peu de temps, car il m'a été difficile de mettre des mots précis sur ce qui relevait plus d'un sentiment ou d'une intuition.

De l'échec de l'Open Data

Si on jette un regard froid et objectif sur les retombées de l'Open Data, on peut évidemment n'être que déçu par le résultat :

  • la transparence : évidemment certaines données sont à disposition et c'est une avancée énorme, mais mes parents n'en connaissent pas l'existence et, quand bien même, ils sont incapables d'exploiter par eux-mêmes ces données, cela est réservé à une nouvelle élite de notre société : les personnes capables de manipuler un programme informatique pour transformer les données, faisons simple : les "geeks", est-ce vraiment cela la transparence que nous appelons de nos vœux ?
  • la réutilisation des données : la transparence passe par la mise au point d'applications et donc par la réutilisation des données, j'ai déjà montré dans mon précédent billet les obstacles qui se présentent aujourd'hui. Conséquences (ou pas...) : on ne peut pas dire que c'est le raz-de-marée, il y a bien des initiatives à droite à gauche, des applications pour téléphone portable, des prototypes ou quelques services qui ont profité des données mises à disposition comme en témoignent les résultats des multiples concours ou les hackatons, mais, et j'espère que cela ne vexera personne, cela reste anecdotique par rapport à tout ce qu'on est en droit d'attendre ou d'espérer ;
  • le marché économique : qui peut prétendre vivre de l'Open Data aujourd'hui ? Existe-t-il un marché ? Je ne parle pas de s'enrichir, je parle simplement de disposer d'un marché économique suffisant pour justifier les investissements publics sur le long terme et privés, déjà, sur le court et moyen terme nécessaires à la mise au point de solutions, de produits, de formations, de services adaptés et à la pérennisation de ces initiatives pour permettre la réutilisation et l'accessibilité des données indispensables pour apporter la transparence sur le long terme auprès de tous.
  • l'innovation : comme le résume Karima Rafes : « #hackaton ou la R&D du pauvre... Un bon titre pour un livre sur l écosystème français #OpenData » Rien de plus à ajouter...

Mais, ces constats m'apparaissent plus comme des symptômes d'un problème plus profond et plus complexe à qualifier. Le billet de Christian Fauré intitulé « Ce n'est pas qu'une histoire de données » offre un début de réponse. Christian y exhorte les institutions à ne pas limiter l'Open Data à la stricte mise à disposition des données et à profiter de ce mouvement pour placer leur activité dans le monde numérique, c'est-à-dire mettre l'activité de l'organisation dans l'espace de partage et de collaboration qu'est le web et ainsi profiter des avantages de ce milieu associé. Mais, cela ne me satisfaisait pas complètement, car, si Christian présente (rapidement) ce qu'il faudrait faire, cela n'explique pas le paradigme actuel et les raisons de son dysfonctionnement.

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Information numérique : défintions et enjeux

Alors que j'étais en train de préparer une nouvelle formation, je suis retombé sur différents diaporamas que j'avais constitués à l'époque où je travaillais sur la pérennisation de l'information numérique. Comme je n'en aurai plus vraiment l'utilité, je me suis dit qu'il pourrait être intéressant de les partager, plutôt que les laisser dans un recoin de mon disque dur. Last but not least, cela me permettait d'alimenter ce blog, largement en déshérence ces derniers temps...

Ce diaporama est le résultat de la fusion d'une formation que j'avais mise au point pour présenter les enjeux de la pérennisation de l'information numérique à mes collègues d'Atos Origin, lorsque je travaillais sur le projet SPAR de la BnF et d'une présentation de ces problématiques à destination de décideurs. Vous reconnaîtrez peut-être certaines diapos de Manue, en particulier la fameuse disquette.

Placé sous licence CC-BY, ce diaporama est à votre disposition. N'hésitez pas, c'est fait pour ça.

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Une communauté des digital humanities est née

Cette semaine avait lieu le ThatCamp à Paris. Derrière ce nom un peu mystérieux (en réalité, acronyme de « The Humanities and Technology Camp) se cache une non-conférence sur le modèle du barcamp dédiée aux Digital Humanities, « transdiscipline, porteuse des méthodes, des dispositifs et des perspectives heuristiques liés au numérique dans le domaine des Sciences humaines et sociales » (définition issue du Manifeste, cf. plus loin) et auxquelles j'ai fait allusion à plusieurs reprises sur ce blog.

Elle constituait une occasion de revoir plein d'amis, anciens collègues, anciens camarades de jeux et connaissances numériques/virtuels dans un cadre de discussions ouvert sur des sujets variés. Et, je ne fus pas déçu, car ce rassemblement a marqué le véritable acte de « naissance » d'une communauté des digital humanities en France. Naissance actée par un Manifeste rédigé tout au long des deux jours d'ateliers et discuté par tous lors de la session finale. Ce manifeste assoit et légitime l'existence de cette communauté et affirme l'importance des digital humanities dans l'Enseignement supérieur et la Recherche, de manière plus large comme une opportunité professionnelle dans tous les secteurs (et j'en sais quelque chose) et son rôle dans l'apprentissage du savoir au XXIe siècle.

Vous êtes d'ailleurs cordialement invités à signer ce manifeste, si vous vous reconnaissez dans cette communauté et dans les objectifs qu'elle s'est fixés.

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Quelques considérations sur la notion de collection

Dans mon précédent billet, discutant l'expression « digital preservation », j'ai essayé de poser les bases de la gestion de l'information numérique pour en garantir la communication sur le long terme. J'ai ainsi cherché à démontrer que les tâches à effectuer pour l'information numérique ne différaient finalement pas de celles effectuées pour l'information sur le support traditionnel.

Dans ce billet, je voudrais faire quelques remarques sur la notion de collection (Amis, archivistes, j'espère que vous ne m'en voudrez pas d'avoir choisi cette terminologie, vous connaissez mon atavisme pour les bibliothèques ;-) ).

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L'expression « digital preservation » est-elle pertinente ?

Deux ans que je travaille sur un projet pour mettre en place un « système de préservation » et, finalement, j'en viens à me poser cette question toute simple : l'expression « digital preservation » (traduite par le néologisme « préservation numérique ») est-elle pertinente ?
Rien n'est moins sûr quand je dresse le bilan du travail accompli, je dirais même que cette expression est l'arbre qui cache la forêt. Au final, j'ai l'impression qu'elle a fait croire que le problème se résoudrait par des moyens ou des compétences techniques, alors qu'il n'en est rien, les actions des futurs conservateurs/gestionnaires de collection numérique seront bien les mêmes que leurs collègues qui s'occupent des collections traditionnelles, ce sont les outils et les connaissances qui diffèrent et non les compétences.

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La pérennisation de l'information numérique, mature ! Vraiment ?

Alors que l'avion nous ramenant en France survole les Etats-Unis et l'Océan atlantique, il est temps de prendre du recul pour tirer les leçons de notre séjour californien à l'occasion de la grande messe annuelle de la pérennisation de l'information numérique, IPRES, qui avait lieu cette année à San Fransisco. La conférence s'intitulait « Moving into the mainstream. Enabling our digital future » et était donc principalement axée sur des problématiques liées à l'organisation, l'économie et les moyens de garantir l'activité même de la pérennisation de l'information numérique. Cet intitulé impliquait l'idée que nous entrions dans une ère de maturité et de production après quelques années de recherche et de développement sur le sujet.

A l'issue de la conférence et des discussions avec les uns et les autres (le plus intéressant dans une conférence !), j'ai un sentiment mitigé. Bien sûr, le chemin parcouru est déjà très important au regard des enjeux et du défaitisme qui avait cours, il y a quelques années. Pourtant, deux tendances me semblent avoir fait leur apparition et viennent limiter ce sentiment de maturité :

  • le champ des possibles dans le domaine reste terriblement vaste, à la fois en termes de types de ressources numériques à couvrir et de moyens à tous les niveaux pour assurer une pérennisation efficiente 
  • une fracture est en train de se créer entre différentes conceptions de ce que peut/doit constituer l'activité de pérennisation de l'information numérique.

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Contrer les idées reçues sur le Web sémantique

La médiatisation d'un nouveau concept, d'une nouvelle notion, d'une nouvelle technologie et de nouvelles perspectives s'accompagne immanquablement d'analyses plus ou moins farfelues, d'incompréhensions et d'interprétations erronnées (parfois volontairment pour profiter du buzz). Le Web sémantique n'échappe à cette tendance.

A l'instar de James Hendler qui a publié sa FAQ non officielle sur le Web sémantique, je vous propose de mon côté de revenir sur quelques idées reçues sur le Web sémantique.

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Les carcans de la pensée hiérarchique et documentaire (2)

Ce billet constitue la suite du précédent billet dont je vous conseille la lecture préalable si ce n'est déjà fait.

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