Les petites cases

MOAT : donner du sens à vos tags

La folksonomie constitue une des fonctionnalités phare du Web 2.0. Son principe est finalement très simple : permettre aux utilisateurs de décrire des ressources (billet de blog, page Web, photos, vidéos...) par des mots-clés choisis librement. Elle offre, entre autres, les avantages suivants :

  • Améliorer la recherche d'information dans sa collection de ressources personnelles ;
  • Constituer un vecteur de sérendipité ;
  • Donner aux autres utilisateurs une idée du contenu de sa collection de ressources ;
  • Faire apparaître des réseaux sociaux implicites par l'utilisation commune de tags entre différents utilisateurs.

Peu à peu, les utilisateurs se sont pris au jeu et la folie du tagging s'est emparée de tous les internautes et plus simplement des afficionados du Web 2.0.

La folksonomie est devenue un formidable outil dont les possibilités semblent, d'ailleurs, encore largement sous-exploitées. Oui, mais, voilà, la folksonomie est limitée. Le tag n'est finalement qu'une chaîne de caractères dont le sens exact est connu du seul « taggueur » qu'un autre utilisateur peut éventuellement appréhender, mais en aucun cas une machine qui se repose uniquement sur la morphologie du tag pour l'exploiter. Ainsi, la folksonomie présente les désavantages suivants :

  • Impossibilité d'organiser les tags entre eux sous la forme d'une taxinomie ou d'un thésaurus ;
  • Deux utilisateurs peuvent partager un tag identique, mais en avoir une conception différente ;
  • la folksonomie n'est pas multilingue, c'est à dire qu'il n'existe aujourd'hui pas de moyens pour relier le même tag exprimé en anglais et en français ;
  • Deux tags différents peuvent être synonymes voire identique ou presque (penser aux fautes d'orthographe), sans qu'on puisse les relier.

Ces limitations sont bien connus et il en existe certainement d'autres.

La solution à ces problèmes réside en partie dans les technologies du Web sémantique et, pour le prouver, Alexandre Passant, un des contributeurs les plus actifs de la communauté du Web sémantique en France (si ce n'est le plus actif) a mis au point une application, MOAT (Meaning of a tag), qui vise précisément à donner du sens à vos tags.

Le principe est finalement assez simple. MOAT permet d'associer à un tag une URI. Une description de la notion du tag encodée en RDF est associée à cette URI. Ainsi, le tag n'est plus seulement une chaîne de caractères, mais possède un véritable sens donnée par l'ensemble des triples RDF qui décrit la notion utilisée en tag. Par exemple, si vous taguez votre billet avec le tag « Web sémantique », vous pouvez l'associer à l'URI « http://dbpedia.org/resource/Semantic_Web » qui correspond à la description de la notion de Web sémantique dans Dbpedia. Sont ainsi résolus, entre autres, les problèmes liés à l'orthographe de la notion et à la langue, puisque les tags « Web sémantique », « Semantic Web » ou « semweb » sont reliés à la même notion via l'URI.

Mais, MOAT ne s'arrête pas là. A chaque fois que vous associez un tag à une URI, une notification est envoyée à un serveur. Ainsi, d'autres personnes peuvent à leur tour associer cette URI à leur tag et, ainsi, partager les mêmes notions. Le serveur permet aussi de centraliser l'utilisation de l'URI. Ainsi, non seulement, on peut retrouver toutes les ressources taguées avec une notion précise quelque soit le service utilisé, mais aussi faire apparaître les réseaux sociaux avec plus de certitudes, puisque les utilisateurs s'accordent via l'URI sur le sens donné à leur tag.

MOAT peut être intégré via une API dans n'importe quelle service qui offre la possibilité de taguer. Alexandre a d'ailleurs mis au point un module pour Drupal en phase de finalisation et qui permet d'associer facilement une URI à un tag en effectuant une recherche sur sindice, un moteur de recherche qui indexe les données RDF dont j'ai déjà parlé.

MOAT démontre avec brio et une relative simplicité, l'utilisateur n'ayant besoin d'aucune connaissance particulière, l'apport des technologies du Web sémantique pour le Web 2.0. Merci Alex pour cette démonstration et pour ce superbe travail !

Web sémantique Folksonomie Geekeries — 

Commentaires

Merci à toi pour ce billet et pour la publicité :) Je rajouterai qu'en plus de gérer l'hétérogénéité des tags, MOAT permet aussi de gérer leur ambiguité. Chaque tag peut en effet être lié à plusieurs ressources, par ex pour Paris: http://tags.moat-project.org/tag/paris/ C'est ensuite au moment de l'action de tagger son contenu que l'utilisateur choisi parmi les tags disponible la signification qui lui convient (ou en ajoute un autre si rien ne va). D'autre part, en s'abonnant à un serveur de tags, les différents utilisateurs partagent des URIs communes pour leurs tags, ce qui permet par exemple en plus de MOAT d'utiliser SCOT (http://scot-project.org) pour partager ses tags. Un papier plus complet sur MOAT sera dispo sous peu sur le site du workshop Linked Data: http://events.linkeddata.org/ldow2008/