Les petites cases

Le RDF, avenir du patrimoine sur le Web ?

Pour passer une grande partie de mon temps sur les applications du projet Longwell, je dois reconnaître que j’ai parfois l’impression de prêcher dans le désert, malgré les quelques clients visionnaires qui me font confiance.
Mais qu’attendent nos bibliothécaires pour mettre en oeuvre ces technologies ? Qu’attend l’état pour gérer son patrimoine immobilier autrement que par l’achat d’un ERP ? Et pourquoi les territoires sont-ils aussi frileux pour faire basculer leur offre et leur richesse sous format électronique ? Dès qu’il y a un catalogue et un patrimoine, mettez du RDF !

Christian Fauré, « Calendarité et cardinalité », dans Hypomneta : supports de mémoire, 2 juillet 2006, http://www.christian-faure.net/2006/07/02/calendarite-et-cardinalite/

Je suis entièrement d'accord avec Christian. D'ailleurs, comment ne pourrais-je pas l'être vu que j'ai déjà exprimé à peu près la même idée ?

Pour autant, j'ai conscience aujourd'hui que le chemin sera encore long pour imposer le RDF et les principes du Web sémantique, car les concepts, les langages et les outils ne sont pas forcément évidents à prendre en main. Pour bien appréhender ces technologies, la couche XML (qui représente la couche basse du Web semantic stack, la vision de Tim Berners-Lee) doit être parfaitement assimilée, ce qui n'est pas encore tout à fait le cas, malgré le chemin parcouru ces trois dernières années.

Le service public n'a peut-être pas d'impératifs économiques (du moins en apparence), ce qui pourrait faire croire qu'il y est plus facile d'innover. C'est sans compter les autres contingences et il est, à mon avis, aussi dur si ce n'est plus, parfois, d'imposer des idées aussi radicales et novatrices que le Web sémantique.

Le plus important est donc de continuer à y croire, de faire des tests, des petites applications pour prouver la pertinence du modèle, c'est ce que s'efforce de faire avec pas mal de succès le projet Simile auquel fait allusion Christian Fauré dans son billet. A un niveau beaucoup plus modeste, la même stratégie m'anime pour la mise au point des tests à la base de ma communication que je vais présenter dans trois jours à Digital Humanities (en cadeau, deux copies d'écran : une avec tabulator et l'autre avec omnigator). Au fur et à mesure, les applications qui restent encore très frustres s'amélioreront et l'idée s'imposera d'elle-même.

Quant à Timeline, application issue de Simile, qui se veut l'équivalent de Google Maps pour les données chronologiques, c'est un très bel outil. Je ferai tout de même un tout petit bémol, qui est plus à mettre sur le compte de la jeunesse de l'outil, les données qui servent à générer la frise chronologique sont en XML pur et non en XML/RDF (à leur décharge, il n'est pas évident de modéliser des événements historiques en RDF).

Mais, cela ne m'a pas gêné pour m'amuser un peu et je vous propose une frise chronologique des actes du chapitre de Tremblay du Cartulaire blanc de Saint-Denis, en attendant une petite application sur le blog de Manue.

RDF XML Causeries Digital humanities Histoire — 

Commentaires

Merci pour ce billet Got. C'est une des vertues inestimables de tes propos que de s'appuyer sur une mise en pratique des normes et des technologies. Tu mets judicieusement le doigt sur le fait que ces tests et ces petites applications sont le meilleur moyen de faciliter le processus d'adoption de ces normes. Et de fait, un bibliothécaire peut très bien, sans être un informaticien hors pair, faire une démo en interne qui peut apporter l'adhésion. Et cela reste valable ailleurs dans le secteur public (d'ailleurs on compte sur toi ;-) ) Une remarque un peu polémique pour terminer : tu dis que la couche XML doit être parfaitement maîtrisée. En fait, je ne serai peut-être pas aussi catégorique : RDF n'a rien à voir avec XML. *Il se trouve que* RDF peut être sérialisé en XML. Cette nuance a, je crois, une certaine importance, qu'en penses-tu ?

En fait, ce n'est pas aussi simple. Il faut non seulement convaincre les bibliothécaires que ces applications les concernent, mais aussi les informaticiens des bibliothèques (ou les fournisseurs de systèmes bibliothéconomiques) de changer leurs vieux systèmes et entrer pour de bon dans le Web (ne parlons même pas du Web sémantique à ce stade). Or il faut convaincre et dans les bibliothèques, les gens qui ont la double compétence pour faire ce grand écart, contrairement à ce qu'on pourrait croire en lisant certain blogs, ne sont pas légion.

A la limite, ce serait presque plus facile si on partait de rien, au lieu d'avoir trente ans d'informatisation "à l'ancienne" derrière nous. Tout ce passif à convertir...

Nous sommes tout à fait d'accord, Christian. XML et RDF sont deux choses différentes et XML n'est qu'une des syntaxes possibles de RDF. Dans mon idée, il ne s'agit pas d'un problème d'étapes technologiques, mais plutôt intellectuelles. Quand on voit que le principe de XML (qui est bien plus simple que RDF) n'est pas assimilé, j'ai du mal à croire que RDF puisse l'être. Il me semble (mais je me trompe peut être) que XML doit être accepté pour que RDF le soit ensuite. Et puis, somme toute, même si les deux technos n'ont rien à voir, Tim Berners-Lee place XML comme la couche inférieure à RDF dans son Web semantic Stack et c'est vrai qu'à la rédaction de ma communication, je me rends compte que XML est un bon format pivot pour générer du RDF.
Je suis assez d'accord avec ce qui se dit dans le billet de Got et les commentaires. La difficulté d'utiliser RDF lors d'une refonte d'application institutionnelle (systèmes d'informations), c'est sa complexité. En tant que chef de projet, on résonne en périmètre des produits, leur cycle de vie, leur description, les besoins fonctionnels... et les échanges avec les autres applications. Le plus simple est de se baser sur XML pour formaliser les procédures. En plus, tout le monde est sur la même longueur d'ondes. Comment introduire RDF dans notre mode de fonctionnement ? Faut il de vraies formations à RDF, autre qu'une présentation de la syntaxe, basées sur des études de cas... et qui serait capable de les dispenser ?