Les petites cases

Conclusion

L’édition électronique sur le Web constitue un enjeu considérable pour la communication scientifique. Elle est susceptible de permettre une diffusion plus large des résultats de la recherche, et toutes les disciplines scientifiques sont concernées. Pourtant, les expériences dans ce domaine sont encore peu nombreuses, surtout en sciences humaines et sociales, car les chercheurs sont peu familiarisés avec cet outil. L’histoire, domaine auquel mon intérêt personnel et mon parcours professionnel m’ont conduit à m’intéresser plus particulièrement, n’échappe pas à ce cas de figure. Outre la frilosité des chercheurs à mettre en ligne les résultats de leur recherche, les difficultés résident principalement dans l’adaptation de l’information scientifique aux spécificités du support numérique. D’une part, il existe une antinomie entre l’argumentation historique, dont la lecture est fondamentalement linéaire, et l’hypertexte, par définition fragmentaire. D’autre part, on peut s’interroger sur la manière de favoriser l’usage simple et efficace d’outils qui ne sont pas familiers du lectorat auquel ils s’adressent.

Ce problème d’adaptation entre le texte et le support peut être résolu de deux manières : soit d’une façon pragmatique c’est à dire par la réalisation et l’observation, soit par l’intermédiaire d’une réflexion de fond sur l’information scientifique elle-même. En réalité, ces deux démarches ne sont pas opposées mais complémentaires : c’est ce que j’ai cherché à montrer dans le cadre de ce travail. L’analyse de la façon dont les historiens créent l’information, la diffusent puis l’utilisent, peut déboucher sur l’élaboration d’ouvrages électroniques adaptés à leurs usages et à leurs pratiques. Ainsi, l’étude des mécanismes de la création de l’information historique est liée au premier problème, celui de l’adaptation d’un texte linéaire à l’hypertexte : une première solution, exposée dans ce travail, réside dans l’utilisation massive de la tabularité du texte, c’est à dire le paratexte. Quant à l’observation des usages des historiens vis à vis de l’information qui est mise à leur disposition, elle est essentielle pour définir les contrats de lectures de la monographie historique, cette notion de contrats de lecture permettant de mettre en place des fonctionnalités et des interfaces adaptées aux pratiques des lecteurs.

La monographie historique s’imposait comme objet de recherche pour ce DEA, puisqu’elle reste la publication essentielle dans la carrière de l’historien. De plus, le problème de son adaptation à l’édition électronique n’avait pas encore fait l’objet d’études. Cependant, dans la perspective d’un travail de thèse, il faudra élargir aux autres types de publications la réflexion menée ici. En outre, grâce au recul plus important que l’on peut avoir avec les articles en ligne, il sera possible à court terme de faire des études sur l’usage des versions électroniques, ce qui pourra nous aider pour les autres types de publication. Suite aux jalons posés au cours de cette année de DEA, je pourrai mettre en place une enquête ethnographique et sociologique à proprement parler. Cela me permettra d’approfondir la réflexion sur la création, la diffusion et les usages de l’information historique, aidé dans cette tâche par des recherches historiographiques et épistémologiques. Je pourrai ainsi aborder des problèmes liés au récit historique en lui-même, que j’ai pour l’instant laissés de côté : la structuration du texte, la sémantisation et la question de l’utilisation optimale de l’hypertexte grâce au lien textuel.

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